https://www.grafenegg.com/en/mediatheque/christiaan-willemse-ink-still-wet-2024/589
https://www.musicaustria.at/ink-still-wet-teilnehmende-aus-fuenf-nationen-ausgewaehlt/
Clarisse Dalles est la voix de Christiaan Willemse, lauréat du prix de composition l’an passé, qui crée ce soir un cycle de trois mélodies à la demande du festival. Le compositeur vient de diriger une création orchestrale en Autriche, au festival de Grafenegg, mais le répertoire lyrique lui est familier : chef d’un chœur liturgique, il chante en chorale depuis l’enfance. Bertrand Chamayou lui a suggéré de travailler en écho avec les Chansons madécasses de Ravel, avec le même instrumentarium et une thématique commune. Une suggestion dont le musicien sud-africain de vingt-six ans s’est saisi avec brio, mettant en musique trois poèmes de la journaliste et poétesse Antjie Krog, en afrikaans. Elle avait assisté à la « Commission de la vérité et de la réconciliation » dans les années 1990. De cette expérience est né un recueil de poésies : Kleur kom nooit alleen nie – La couleur ne vient jamais seule. Le thème de l’apartheid répond ainsi à la mélodie clairement anticolonialiste « Aoua » – « Méfiez vous des blancs, habitants du rivage » – de Ravel.
L’angoisse tombe comme une chape dès les premières notes de « Woordeloos » – « Je suis sans voix ». Les quatre interprètes imprègnent l’air d’une atmosphère angoissante à l’étrangeté singulièrement prenante qui n’est pas sans évoquer un mythe antique où le Fatum pèserait de tout son poids sur le destin des hommes. Remarquablement expressive, Clarisse Dalles jouit d’une diction limpide qui donne l’impression de parfaitement suivre l’aquarelle de ses émotions – même si le sens du texte nous est inintelligible en l’absence de traduction dans le programme de salle. La projection superbe, les médiums sonores se teintent d’une rythmique entêtante dans « Tussen jou en my » – « Entre toi et moi » où la colère succède à la douleur et s’achève en cri de révolte. « L’épilogue », constitué en réalité de dernier poème du recueil, est porteur d’espoir et des ferments de la réconciliation. Entre le feulement de la flûte et la déclamation pleine d’autorité de la chanteuse, cette troisième mélodie s’achève en une méditation apaisée.
- Tania Bracq, ForumOpera.com
Clarisse Dalles is the voice of Christiaan Willemse, winner of last year's composition prize, who tonight premieres a cycle of three songs commissioned by the festival. The composer has just conducted an orchestral premiere in Austria, at the Grafenegg Festival, but he is no stranger to the operatic repertoire: as the conductor of a liturgical choir, he has sung in choirs since childhood. Bertrand Chamayou suggested that he work with Ravel's 'Chansons madécasses', using the same instrumentarium and a common theme. The twenty-six-year-old South African musician took up the suggestion with brio, setting to music three poems in Afrikaans by journalist and poet Antjie Krog . She was a member of the Truth and Reconciliation Commission in the 1990s. This experience gave rise to a collection of poems: 'Kleur kom nooit alleen nie' - 'Colour never comes alone'.
The theme of Apartheid is set to Ravel's clearly anti-colonial melody 'Aoua' - 'Méfiez vous des blancs, habitants du rivage'.
The anguish falls like a cloak from the first notes of 'Woordeloos' - 'I am speechless'. The four performers imbue the aria with an anguished atmosphere of singularly gripping strangeness, reminiscent of an ancient myth in which Fatum is said to weigh heavily on the fate of mankind. Remarkably expressive, Clarisse Dalles's limpid diction gives the impression of perfectly following the watercolour of her emotions - even if the meaning of the text is unintelligible to us in the absence of a translation in the programme. The projection is superb, and the mid-range tones are tinged with a heady rhythm in 'Tussen jou en my' - 'Between you and me' - where anger follows pain and ends in a cry of revolt. The 'Epilogue', which is in fact the last poem in the collection, offers hope and the seeds of reconciliation. Between the flute's blare and the singer's authoritative declamation, this third melody ends in a soothing meditation.
- Tania Bracq, ForumOpera.com
https://www.forumopera.com/spectacle/willemse-ravel-anders-ingekleur-chansons-madecasses-sare/
Ce partenariat marquait l’Ouverture donnée ce mardi, où les Chansons Madécasses étaient précédées de Anders ingekleur (De couleurs différentes), création de Christiaan Willemse pour le même effectif que le cycle ravélien. Le lauréat du Prix de composition de l’Académie Ravel 2023 s’appuie sur trois poèmes de la Sud-africaine Antjie Krog, disant successivement la douleur (Woordeloos, Je suis sans voix), la colère (Tussen jou en my, Entre toi et moi) et l’espoir (Epiloog).
Sans faille, l’engagement des interprètes (la soprano Clarisse Dalles, la flûtiste Zofia Neugebauer, la violoncelliste Maria-Andrea Mendoza et au piano Bertrand Chamayou lui-même) sert à merveille cette œuvre singulière. Un piano volontiers percussif (cordes pincées ou frappées), une flûte et un violoncelle jouant de micro-intervalles sont l'écrin d'une voix tour à tour chantée, parlée, susurrée, criée : instrumentale, en un mot. Le timbre profond de la soprano se fond ou s’oppose à ceux de ses comparses, surgissant d’un cluster, poursuivant une ligne, suggérant une accentuation, remarquable préambule aux chansons de Ravel, qui prolongeront avec évidence cet univers changeant.
- Anne Ibos-Augé, Diapason
This partnership marked the 'Overture' on Tuesday, when the 'Chansons Madécasses' were preceded by 'Anders ingekleur' (Of Different Colours) , written by Christiaan Willemse for the same instrumentation as the Ravel cycle. The winner of the Académie Ravel Composition Prize in 2023 based his work on three poems by the South African Antjie Krog, successively expressing pain ('Woordeloos', Je suis sans voix), anger ('Tussen jou en my' Entre toi et moi) and hope (Epiloog).
The unfailing commitment of the performers (soprano Clarisse Dalles, flutist Zofia Neugebauer, cellist Maria-Andrea Mendoza and Bertrand Chamayou himself at the piano) serves this singular work marvellously. A percussive piano (strings plucked or struck), a flute and a cello playing micro-intervals are the backdrop for a voice in turn sung, spoken, whispered, shouted: instrumental, in a word. The soprano's deep timbre blends or clashes with those of her companions, emerging from a cluster, following a line, suggesting an accentuation, a remarkable preamble to Ravel's songs, which will clearly extend this changing universe.
- Anne Ibos-Augé, Diapason